Hygiène des plaies

L'Hygiène de la plaie fait partie intégrante du soin de plaie → nous n'évoquerons sur cette page que l'hygiène des plaies aiguës ou chroniques, à l'exception du soin des plaies post-opératoires

Hygie, Déesse de la Santé (Gustave KLIMT - La Médecine - 1900/1907

Pourquoi laver une plaie ?

Hygiène globale

• Hygiène vient du nom de la Déesse grecque Hygie ou Hygée (en grec ancien Ὑγιεία / Hugieía ou Ὑγεία / Hugeía, « santé »), fille d'Asclépios, Dieu de la médecine, et d'Épione. Elle est la Déesse de la santé, de la propreté et de l'hygiène

• L'hygiène est définie comme un ensemble de mesures destiné à prévenir les infections et l'apparition de maladies infectieuses

• L'hygiène corporelle passe par une toilette complète de l'ensemble du corps, de fréquence au moins quotidienne

• Le lavage de la plaie fait partie intégrante de cette hygiène corporelle → il permet :

- d'améliorer le bien-être

- d'éliminer les sources de l’inflammation de la plaie

- de limiter le risque infectieux

Lavage et bien-être

Odeur

• Les plaies, en raison des exsudats et du caractère parfois occlusif des pansements, dégagent souvent une odeur désagréable

• La toilette, en éliminant la source de ces odeurs, permet d'améliorer la qualité de vie

• Cet effet est d'autant plus important lorsqu’il s'agit de plaie tumorale, nécrotique ou infectée

• Les pansements au charbon peuvent être utilisés sur des plaies malodorantes mais ne substituent en aucun cas au lavage de la plaie

Asticots

• Il n'est pas rare de découvrir des asticots sur les plaies, notamment en période estivale

• Seule une hygiène rigoureuse permet d'éliminer ces hôtes indésirables dont la présence n'expose à aucun risque

Éliminer la source de l'inflammation

• Le lavage de la plaie fait partie du soin et débute la phase de détersion mais n'est pas, stricto sensu, un geste détersion

Il permet toutefois d'éliminer :

• Corps étrangers → croûtes / débris de pansement / asticots...

• Les exsudats

• Les tissus dévitalisés non adhérents → nécrose / fibrine et hématome

Action désinfectante

• Le nettoyage de la plaie permet de réduire la charge bactérienne

• Il élimine les corps étrangers sur lesquels les bactéries peuvent adhérer pour former un biofilm

Avec quoi laver une plaie ?

Recommandations → eau + savon

Eau ou sérum physiologique

• Une revue Cochrane a récemment conclu que l'eau du robinet peut être aussi efficace que l'eau stérile ou le sérum physiologique

- sept essais cliniques, comparant les taux d'infection et de guérison lors de la comparaison de l'utilisation de l'eau du robinet et du sérum physiologique, ont été inclus et aucune différence statistiquement significative n'a été détectée dans les plaies aiguës et chroniques

• Il n'y a aucune justification médicale ni financière à utiliser du sérum dans les plaies chroniques

Savon ou syndets

• L'utilisation d'un savon ou d'un syndet est indispensable pour solubiliser des graisses à la surface de la plaie

• Le choix d'un produit est complexe et doit essentiellement prendre en compte :

- le risque allergique → éviter l'utilisation de produits colorés et parfumés

- l'impact financier

• Le savon de Marseille est souvent plébiscité par les patients, comme par les soignants, pour son innocuité supposée et ses vertus ancestrales

- ce savon est souvent très détergent avec un effet asséchant sur la peau péri-lésionnelle

- le véritable savon de Marseille, sans conservateur ni additif, doit être privilégié au dépens des produits souvent bon marché mais de qualité et de composition douteuses

• Le plus simple est d'utiliser le savon dont dispose le patient pour sa toilette !

Intérêt des Antiseptiques et des Colorants

Antiseptiques traditionnels déconseillés

• De façon traditionnelle, on a beaucoup utilisé et on utilise encore souvent des solutions de chlorhexidine ou depovidone iodée

• Risques

- cytotoxicité sur les cellules du fond de la plaie

- altération de la peau péri-lésionnelle → dermite d'irritation ou eczéma de contact

Nouveaux antiseptiques

• Lesquels ? → PHMB (Poly Hexa Méthylène Biguanide) ou Octéniline

• Intérêt ?

- moins de cytotoxicité

- association dans certains avec un surfactant Prontosan® qui permet une meilleure dissolution des matières organiques sur la plaie et un effet anti-biofilm

Colorants

• Les colorants ont été, eux aussi, largement utilisés pour assécher les plaies ou des lésions péri-lésionnelles

• Ils n'ont aucun intérêt antiseptique

• Ils peuvent masquer des signes inflammatoires (notamment l'éosine) et ne doivent pas être utilisés à ce titre

Comment laver une plaie ?

Douche autorisée !

• Trop de patients rapportent qu'on leur interdit une douche au prétexte qu'il ne faut pas de contact de l'eau avec la plaie

• Si la plaie peut et doit être lavée à l'eau du robinet et au savon → la douche devient, de fait, un soin d'hygiène tout à fait compatible

• Il est inutile de proposer d'emballer la jambe et le pansement avec des systèmes plus ou moins étanches et confortables → sac plastique ou sac poubelle...

Bains de pieds à proscrire pour les lésions des pieds

• Nous évoquons dans ce paragraphe le trempage prolongé des pieds dans une bassine ou un bidet

- risque de macération des berges de la plaie

- facteur de risque infectieux

• La douche ne favorise pas ces risques sous réserve que sa vidange se fasse correctement

Si la douche n'est pas possible...

• La plaie peut être lavée avec un gant / gant jetable ou une compresse non tissée

• Nous utilisons régulièrement des compresses ou des gants imbibées de solution moussante (Savonge®) → le conditionnement de ce produit ne permet pas de l'utiliser à domicile

• Le rinçage se fera à l'eau claire avant un séchage soigneux