Différences entre versions de « Ulcère de Buruli »

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L''''Ulcère de Buruli''' est un [[Ulcères tropicaux|ulcère tropical]] qui peut être rencontré chez des patients originaires de pays d'endémie.
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L''''Ulcère de Buruli'''<ref>http://medecinetropicale.free.fr/cours/ulcere_buruli.pdf</ref> est un [[Ulcères tropicaux|ulcère tropical]] qui peut être rencontré chez des patients originaires de pays d'endémie  
  
  
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===Définition===
 
===Définition===
  
* L'uclère de Buruli est infection à tropisme cutanée liées  à une mycobactérie atypique, '''''Mycobacterium ulcerans''''' (MU) qui provoque des ulcérations nécrotiques délabrantes avec des séquelles ostéoarticulaires parfois très importantes.
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* L'uclère de Buruli est une [[Infection et ulcère de jambe|infection]] à tropisme cutané lié à une mycobactérie atypique, '''''Mycobacterium ulcerans''''' (MU) qui provoque des ulcérations nécrotiques délabrantes avec des séquelles ostéo-articulaires parfois très importantes  
  
*  C'est actuellement la troisième mycobactériose humaine après la tuberculose et la lèpre.
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*  C'est actuellement la troisième mycobactériose humaine après la tuberculose et la lèpre  
  
* MU produit une toxine, le mycolactone
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===Epidémiologie===
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* L'ulcère de Buruli est une maladie qui sévit par foyers sous les climats tropicaux, chauds et humides
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::- le plus grand foyer est africain, notamment dans les pays d'Afrique de l'ouest. L'Afrique de l'est est moins touchée
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::- quelques rares foyers ont été ont été rapportés en Amérique du sud (Guyane, Surinam), en Océanie et en Asie
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* La maladie touche essentiellement les régions rurales, à proximité de zones humides (rivières, lac, fleuves, marécages)
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* L'incidence est estimée entre  5000 et 6000 nouveaux cas annuels
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* Les enfants sont la cible privilégiée de la maladie en raison de leur contact proche de la terre pendant les jeux
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===Réservoir et mode transmission===
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* MU est présent dans la terre
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* La contamination se ferait par une effraction cutanée : traumatisme, piqûre, [[Morsures|morsure animale]]
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* Le rôle de vecteur de certain animaux est également évoqué
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===Physiopathologie===
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* MU se développe préférentiellement à des températures entre 30 et 33°, ce qui explique la localisation cutanée préférentielle de la maladie
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* La bactérie produit un biofilm résistant aux agents antiseptique et antibiotique
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* Elle  produit une toxine, le '''mycolactone''', qui a des propriétés cytotoxiques (expliquant la [[nécrose]]), coagulantes et immunosuppressives (faible réaction inflammatoire locale)
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==Aspect clinique==
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* L'aspect clinique de l'ulcère de Buruli est parfois trompeur → nous ne décrirons ici que la forme typique
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===Phase d'incubation===
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* Période de plusieurs mois pendant lesquels l'état général est conservé
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===Phase pré-ulcéreuse===
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* '''Tuméfaction sous-cutanée ferme''' le plus souvent indolore
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::- Localisation habituelle sur les membres (membres inférieurs → 60 % / membres supérieurs → 30 %) et, plus rarement, sur le tronc ou le visage
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::- cette lésion peut être limitée ou s'étendre à tout le membre
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* A ce stade, les lésions peuvent être prises pour un œdème post-traumatique ou, dans les formes fébriles, pour une [[Dermo Hypodermite bactérienne|dermohypodermite bactérienne]]
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* Sur le plan physiopathologique, il s'agit à ce stade d'une diffusion de MB et de sa toxine dans les tissus sous-cutanés avec mise en place d'une [[nécrose]] hypodermique
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===Phase ulcéreuse===
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* Après une période variable de quelques jours à quelques années, il apparaît une phlyctène ou une pustule inflammatoire  puis une '''fistulisation  à la peau'''
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* L'extension se fait vers une '''ulcération purulente profonde''', atteignant les plans aponévrotiques, qui sera plus ou moins étendue
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* Le décollement des berges est un signe caractéristique de la maladie 
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::- ce décollement peut être, parfois, très important
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::- en cas de lésions multiples, les décollements peuvent aboutir à la réunion de plusieurs lésions en un vaste ulcère
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* Le fond de la plaie est souvent bourgeonnant mais avec un [[Exsudats et Plaies exsudatives|exsudat]] séro-purulent abondant
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* La [[Peau Péri Lésionnelle|peau péri-lésionnelle]] est infiltrée, polychrome et desquamative
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* Atteintes extra-cutanées
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===Évolution===
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* L'ulcère de Buruli est une pathologie chronique dont la cicatrisation est rarement spontanée
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::- de nouvelles lésions peuvent apparaître
  
===Epidémiologie===
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* Des complications peuvent survenir notamment par une atteinte extra-cutanée
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::- il peut s'agir d'ostéite ou d'arthrite par contiguïté
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::- exposition et fonte purulente des tendons
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::- septicémie
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::- [[tétanos]]
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* Des séquelles fonctionnelles, parfois majeures, peuvent aboutir à des déformations, des ankyloses ou à des amputations
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==Comment faire le diagnostic ?==
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===Penser à cette pathologie devant un ulcère===
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* Il est habituel d’évoquer un ulcère de Buruli devant une [[plaie chronique]] dans les pays d'endémie
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* Dans une consultation de cicatrisation en France, il faudra l'évoquer chez des enfants ou des adultes qui viennent d'un pays à risque
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* En cas de doute et notamment dans les formes atypiques → avis spécialisé indispensable
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=== Microbiologie===
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* Quatre techniques diagnostiques sont possibles (+ 1 en cours de validation),  mais pas toujours réalisables en zone d'endémie
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* Il ne s'agit pas de techniques de routine et un avis spécialisé s'impose (Pathologie  Infectieuse / Dermatologie)
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=====Frottis des berges de l'ulcère et examen direct =====
 +
 
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* Avec recherche de BAAR (Baciles Acido Alccolo Résistants) l’examen direct du frottis (méthode de Ziehl-Neelsen)
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=====Histologie =====
  
* L'ulcère de Buruli est une maladie qui sévit par foyers  sous les climats tropicaux, chauds et humides.
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* Une biopsie profonde doit être réalisée, jusqu'à l’aponévrose
  
::- le plus grand foyer est africain notamment dans les pays de l'ouest. L'Afrique de l'est est peu touchée.
+
* Aspect de [[nécrose]] hypodermique avec inflammation majeure
  
::- Quelques rares foyers ont été ont été rapportés en américque du sud ( Guyane, Surinnam) , en Océanie et en Asie.
+
* Mise en évidence de BAAR
  
* La maladie notamment dans les zones rurales, à proximité de zones humides (rivières, lac, fleuves, marécages).
+
=====Culture=====
  
* L'incidence est estimée entre  5000 et 6000 nouveaux cas annuels.
+
=====Identification par PCR (Polymérase Chain Reaction)=====
  
1. Épidémiologie
+
=====Détection de la Mycolactone=====
  
Le réservoir et les modalités de transmission de M. ulcerans ne sont pas tout à fait élucidés. A l’inverse de la
+
* Mise en évidence par fluorescence avec un test rapide → en cours de validation
tuberculose ou de la lèpre, il n’y pas de transmission inter-humaine. L’homme se contaminerait à partir d’un
 
réservoir environnemental hydrotellurique, par inoculation directe transcutanée lors de microtraumatismes.
 
Le rôle des insectes aquatiques est également incriminé, en particulier les punaises aquatiques (Naucoridae)
 
qui sont à la fois hôte naturel et vecteur, et pourraient transmettre la maladie par piqûre accidentelle de
 
l’homme après multiplication de M. ulcerans dans leurs glandes salivaires (photo 1). M. ulcerans forme un
 
biofilm sur les végétaux absorbés par les mollusques et les poissons, proies des punaises aquatiques qui
 
pourraient ainsi se contaminer par leur intermédiaire.
 
  
 +
==Traitement==
  
La distribution des foyers épidémiques localisés est expliquée par des bouleversements environnementaux
+
===Objectifs===
(déforestation, création de lacs artificiels pour l’irrigation et la pêche, inondation) qui favorisent le développement
 
du ou d’un vecteur. Récemment, des facteurs de risque ont été individualisés en Afrique : proximité de rivières et
 
de plan d’eau à débit lent, utilisation de sources d’eau non protégées pour les activités domestiques, absence de
 
vêtements protecteurs (pantalons, chemises à manches longues), désinfection inadaptée des plaies.
 
L’UB s’observe à tout âge sans prédilection de sexe mais atteint préférentiellement les enfants de moins de
 
15 ans qui représentent la moitié des cas selon l’OMS.
 
L’infection par le VIH n’est pas un facteur de risque mais elle complique la prise en charge. L’infection à M. ulcerans
 
est caractérisée par une faible létalité qui contraste avec l’importance des séquelles ostéo-articulaires
 
invalidantes observées chez plus de la moitié des patients.
 
  
2. Physiopathologie
+
* Stériliser les foyers infectieux
M. ulcerans est une mycobactérie environnementale à croissance lente qui se cultive à des températures
 
comprises entre 30 et 32 °C (plus basses que pour M. tuberculosis) et qui est retrouvée dans le derme et
 
l’hypoderme. C’est une mycobactérie facultative qui s’organise en biofilm et possède une paroi lipidique qui
 
lui confère une résistance aux agents physicochimiques. A l’inverse des autres mycobactéries pathogènes,
 
elle produit une exotoxine lipidique, la mycolactone seul facteur de virulence connu de la bactérie. Cette
 
mycolactone posséde des propriétés cytotoxiques, qui rendent compte de la nécrose et de l’extension
 
des lésions cutanées et des propriétés immunosuppressives qui expliquent la faible réaction inflammatoire
 
locale.
 
  
3. Clinique
+
* Combler les pertes de substance
L’expression clinique de l’infection à M. ulcerans est polymorphe, influencée par le site de l’infection, le
 
délai de prise en charge et l’immunité du patient. Contrairement à ce qui est généralement admis, en zone
 
d’endémie, l’absence de spécificité des signes cliniques rend mal aisé le diagnostic sur les seuls arguments
 
cliniques. Quelque soit le stade clinique de la maladie, la chronicité et l’indolence des lésions cutanées
 
doivent y faire penser.
 
  
 +
* Réparation et correction des complications fonctionnelles
  
3.1. Forme typique
+
===Prise en charge médicale===
Après une période d’incubation variant de quelques semaines à plusieurs années, l’UB évolue classiquement
 
en trois stades distincts (pré-ulcératif, ulcératif, cicatriciel).
 
3.1.1. Formes pré-ulcératives
 
C’est le stade de début de la maladie qui peut se révéler par quatre lésions élémentaires dermatologiques :
 
papule, nodule, plaque, oedème. Ces lésions se situent au niveau des membres inférieurs (60 %), des
 
membres supérieurs (30 %), plus rarement au niveau de la face ou du tronc (10 %).
 
• Une papule est une lésion surélevée, indolore, de plus de 1 cm de diamètre.
 
• Un nodule est une lésion palpable, ferme, de 1 à 2 cm, indolore, adhérente à la peau, plus ou moins prurigineuse,
 
parfois associée à un halo oedémateux (photo 2).
 
• La plaque est une large lésion cutanée indurée, surélevée, froide, indolore, bien délimitée, à bords irréguliers
 
et à surface dépigmentée.
 
• L’oedème se manifeste par une tuméfaction sous-cutanée froide, ne prenant pas le godet, plus ou moins
 
douloureux, fixe, aux limites floues pouvant s’étendre à un membre, à une région du tronc, au visage, à la
 
région périnéale.
 
A ce stade précoce, les lésions passent souvent inaperçues et peuvent être confondues avec de nombreux
 
diagnostics différentiels (tableau 1). Des formes inflammatoires associées à de la fièvre peuvent mimer une
 
dermo-hypodermite bactérienne.
 
Selon l’OMS, la promotion du dépistage de masse de ces formes précoces, qui représentent actuellement
 
seulement 10 % des cas diagnostiqués, est une priorité.
 
  
3.1.2. Formes ulcératives
+
* Les grands principes thérapeutiques seront simplement rappelés ici → la prise en charge relève d'une équipe spécialisée
Les nodules et les papules évoluent le plus souvent vers une ulcération cutanée profonde d’extension
 
progressive. Classiquement, cette perte de substance dermo-épidermique présente un fond nécrotique
 
jaunâtre, des bords décollés et un pourtour oedémateux (photo 3). Unique ou multiple, à l’emporte-pièce,
 
l’ulcération de dimension parfois très importante, est caractérisée par sa chronicité et son indolence, sauf en
 
cas de surinfection (photo 4). En l’absence de complication, l’état général des patients est préservé et il n’y
 
a pas de fièvre. À ce stade d’ulcération les diagnostics différentiels sont nombreux (tableau 1).
 
  
3.1.3. Cicatrisation et séquelles
+
====Antibiothérapie====
La guérison spontanée est possible. La cicatrisation s’accompagne de nombreuses séquelles à type de
 
chéloïdes et de rétractions associées à une ankylose. Les récidives sur le site initial de l’infection sont
 
fréquentes.
 
60
 
ePILLY trop 2016 - Maladies infectieuses tropicales
 
SOMMAIRE INDEX
 
451
 
3.2. Formes compliquées
 
Des atteintes multifocales associant plusieurs lésions ulcérées sont possibles, en particulier chez les enfants
 
et les patients infectés par le VIH.
 
Des formes extensives en profondeur peuvent détruire tendons, muscles, nerfs, organes, notamment le tissu
 
périorbitaire, entraînant la perte de l’oeil.
 
Les atteintes osseuses par contiguïté ou par diffusion hématogène peuvent se compliquer d’arthrites ou
 
d’ostéomyélites des extrémités responsables de séquelles à type de déformations ou du fait de nécessaire
 
amputation. Enfin les surinfections bactériennes, favorisées par un défaut d’asepsie sont fréquentes. Elles
 
sont responsables de phlegmon, de dermo-hypodermite bactérienne aiguë, voire de septicémie
 
  
4. Diagnostic
+
* Une bi-antibiothérapie est actuellement proposée : association rifampicine-streptomycine ou rifampicine-xlarythromycine pendant 8 semaines
Dans les zones endémiques, le diagnostic microbiologique reste trop peu utilisé. Il est essentiel pour la surveillance
 
épidémiologique et pour améliorer la précision du diagnostic clinique. Il repose sur quatre méthodes
 
de confirmation qui ne sont pas toutes disponibles en routine. Selon l’OMS il faut au moins deux examens
 
positifs pour affirmer formellement le diagnostic.
 
4.1. Examen direct d’un frottis cutané
 
Sur le terrain, la mise en évidence de bacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR) à l’examen direct d’un frottis
 
(méthode de Ziehl-Neelsen) à partir d’écouvillons passés sur les bords décollés de l’ulcère reste un examen
 
aisément praticable par des personnels entraînés. Sa sensibilité est faible et varie suivant les formes cliniques,
 
entre 60 % pour les formes nodulaires et 80 % pour les formes oedémateuses.
 
4.2. Culture
 
La culture (sur milieu de Loewenstein-Jensen) pratiquée à partir des écouvillons ou des biopsies cutanées
 
prend au moins 6 à 8 semaines. Sa sensibilité est de l’ordre de 50 % surtout si les échantillons doivent être
 
décontaminés puis acheminés vers un laboratoire référent.
 
4.3. Amplification génique (PCR) de la séquence IS2404
 
Cet examen réalisé directement sur les échantillons cliniques ou bien à partir des milieux de culture, permet
 
de détecter la séquence d’insertion IS 2404 spécifique de M. ulcerans. Sa sensibilité est de 98 %, la spécificité
 
est proche de 100 %. C’est la technique privilégiée par l’OMS. Elle est disponible dans un réseau de 17
 
laboratoires de référence en Afrique.
 
4.4. Histopathologie
 
Elle nécessite une biopsie profonde (jusqu’à l’aponévrose) d’une lésion. Sa sensibilité est de 90 %. Elle montre
 
une nécrose du collagène dermique et du tissu cellulo-adipeux sous cutané avec une réaction inflammatoire
 
modérée et la présence de BAAR en plus ou moins grand nombre (rares dans les ulcères, nombreux dans
 
les nodules). L’étude histopathologique est surtout utile pour poser un diagnostic différentiel de l’UB lorsque
 
les autres examens sont négatifs.
 
4.5. Détection de la mycolactone
 
La mise en évidence de la toxine (mycolactone) par fluorescence à l’aide d’un test rapide réalisable par les
 
agents de santé est en cours de validation
 
  
5. Traitement. Évolution
+
* Ce traitement permet de réduire la taille des lésions et donc de réduire l'importance de la prise en charge chirurgicale
L’antibiothérapie est désormais le traitement de première intention pour toutes les formes cliniques de la
 
maladie.
 
  
5.1. Antibiotiques
+
====Soins des plaies====
L’association rifampicine-streptomycine pendant 8 semaines a montré des résultats prometteurs : guérison
 
de la moitié des lésions précoces et ulcérées de moins de 5 cm, réduction du volume lésionnel et donc
 
de l’étendue de l’intervention chirurgicale, diminution du risque de rechute post chirurgicale des formes
 
évoluées ou compliquées (ostéomyélites). D’autres schémas thérapeutiques tels que 4 semaines de rifampicine-
 
streptomycine, suivies de 4 semaines de rifampicine-clarithromycine ou 8 semaines de rifampicine
 
- clarithromycine obtiennent des taux de guérison sans rechute élevés.
 
Ces performances ont conduit l’OMS à élaborer de nouvelles recommandations thérapeutiques guidées par
 
la taille, le nombre de lésions, et la facilité d’accès aux antibiotiques ou à une chirurgie de qualité (tableau 2).
 
  
5.2. Chirurgie
+
* Un lavage quotidien à l'eau et au savon reste indispensable
La chirurgie conservatrice, avec notamment le débridement et la greffe cutanée (photo 5), peut s’avérer
 
nécessaire dans certains cas pour aider la guérison et réduire le plus possible les cicatrices susceptibles de
 
limiter ensuite les mouvements.
 
5.3. Mesures associées
 
La diffusion des règles d’asepsie et la qualité des pansements sont essentielles pour favoriser la cicatrisation
 
et limiter les surinfections bactériennes (photo 5). La vaccination antitétanique doit être à jour.
 
La kinésithérapie et la rééducation fonctionnelle (appareillage) doivent être utilisées au plus tôt afin de limiter
 
les séquelles invalidantes.
 
L’intérêt des techniques adjuvantes (thermothérapie, oxygénothérapie hyperbare, héparines de bas poids
 
moléculaire utilisées par certains) est discuté.
 
  
6. Prévention
+
* Une [[détersion mécanique]] et l'utilisation de pansements adaptés au stade de la plaie sont proposés
Dans les régions endémiques, la limitation des contacts avec l’environnement est illusoire. La protection des
 
points d’eau peut être utile. La vaccination par le BCG protégerait des complications osseuses, mais son rôle
 
dans les formes cutanées est controversé.
 
La lutte contre l’ulcère de Buruli repose désormais sur un dépistage précoce des cas et l’administration d’une
 
association d’antibiotiques. Le suivi des plaies, la prévention des séquelles par la physiothérapie et la chirurgie
 
conservatrice complètent l’arsenal thérapeutique.
 
  
 +
====Chirurgie====
  
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* Mise à plat et drainage des abcès
  
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* Des techniques de recouvrement peuvent être discutées : greffe / lambeau
  
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* Chirurgie reconstructrice et réparatrice pour limiter les rétractions cutanées et les séquelles invalidantes
  
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====Autres moyens====
  
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* Lutte contre la [[dénutrition]]
  
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* Vaccination anti-tétanique
  
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===Indications===
  
[[Catégorie:Pages à écrire]]
+
* Il est bien évident que la prise en charge et les protocoles seront différents, selon les moyens disponibles, dans les pays à risque ou en dans les pays occidentaux
[[Catégorie:Fabienne]]
 

Version actuelle datée du 9 décembre 2021 à 08:40

Tropique1.jpg

L'Ulcère de Buruli[1] est un ulcère tropical qui peut être rencontré chez des patients originaires de pays d'endémie


Généralités

Définition

  • L'uclère de Buruli est une infection à tropisme cutané lié à une mycobactérie atypique, Mycobacterium ulcerans (MU) qui provoque des ulcérations nécrotiques délabrantes avec des séquelles ostéo-articulaires parfois très importantes
  • C'est actuellement la troisième mycobactériose humaine après la tuberculose et la lèpre

Epidémiologie

  • L'ulcère de Buruli est une maladie qui sévit par foyers sous les climats tropicaux, chauds et humides
- le plus grand foyer est africain, notamment dans les pays d'Afrique de l'ouest. L'Afrique de l'est est moins touchée
- quelques rares foyers ont été ont été rapportés en Amérique du sud (Guyane, Surinam), en Océanie et en Asie
  • La maladie touche essentiellement les régions rurales, à proximité de zones humides (rivières, lac, fleuves, marécages)
  • L'incidence est estimée entre 5000 et 6000 nouveaux cas annuels
  • Les enfants sont la cible privilégiée de la maladie en raison de leur contact proche de la terre pendant les jeux

Réservoir et mode transmission

  • MU est présent dans la terre
  • La contamination se ferait par une effraction cutanée : traumatisme, piqûre, morsure animale
  • Le rôle de vecteur de certain animaux est également évoqué

Physiopathologie

  • MU se développe préférentiellement à des températures entre 30 et 33°, ce qui explique la localisation cutanée préférentielle de la maladie
  • La bactérie produit un biofilm résistant aux agents antiseptique et antibiotique
  • Elle produit une toxine, le mycolactone, qui a des propriétés cytotoxiques (expliquant la nécrose), coagulantes et immunosuppressives (faible réaction inflammatoire locale)

Aspect clinique

  • L'aspect clinique de l'ulcère de Buruli est parfois trompeur → nous ne décrirons ici que la forme typique

Phase d'incubation

  • Période de plusieurs mois pendant lesquels l'état général est conservé

Phase pré-ulcéreuse

  • Tuméfaction sous-cutanée ferme le plus souvent indolore
- Localisation habituelle sur les membres (membres inférieurs → 60 % / membres supérieurs → 30 %) et, plus rarement, sur le tronc ou le visage
- cette lésion peut être limitée ou s'étendre à tout le membre
  • A ce stade, les lésions peuvent être prises pour un œdème post-traumatique ou, dans les formes fébriles, pour une dermohypodermite bactérienne
  • Sur le plan physiopathologique, il s'agit à ce stade d'une diffusion de MB et de sa toxine dans les tissus sous-cutanés avec mise en place d'une nécrose hypodermique

Phase ulcéreuse

  • Après une période variable de quelques jours à quelques années, il apparaît une phlyctène ou une pustule inflammatoire puis une fistulisation à la peau
  • L'extension se fait vers une ulcération purulente profonde, atteignant les plans aponévrotiques, qui sera plus ou moins étendue
  • Le décollement des berges est un signe caractéristique de la maladie
- ce décollement peut être, parfois, très important
- en cas de lésions multiples, les décollements peuvent aboutir à la réunion de plusieurs lésions en un vaste ulcère
  • Le fond de la plaie est souvent bourgeonnant mais avec un exsudat séro-purulent abondant
  • Atteintes extra-cutanées

Évolution

  • L'ulcère de Buruli est une pathologie chronique dont la cicatrisation est rarement spontanée
- de nouvelles lésions peuvent apparaître
  • Des complications peuvent survenir notamment par une atteinte extra-cutanée
- il peut s'agir d'ostéite ou d'arthrite par contiguïté
- exposition et fonte purulente des tendons
- septicémie
- tétanos
  • Des séquelles fonctionnelles, parfois majeures, peuvent aboutir à des déformations, des ankyloses ou à des amputations

Comment faire le diagnostic ?

Penser à cette pathologie devant un ulcère

  • Il est habituel d’évoquer un ulcère de Buruli devant une plaie chronique dans les pays d'endémie
  • Dans une consultation de cicatrisation en France, il faudra l'évoquer chez des enfants ou des adultes qui viennent d'un pays à risque
  • En cas de doute et notamment dans les formes atypiques → avis spécialisé indispensable

Microbiologie

  • Quatre techniques diagnostiques sont possibles (+ 1 en cours de validation), mais pas toujours réalisables en zone d'endémie
  • Il ne s'agit pas de techniques de routine et un avis spécialisé s'impose (Pathologie Infectieuse / Dermatologie)
Frottis des berges de l'ulcère et examen direct
  • Avec recherche de BAAR (Baciles Acido Alccolo Résistants) l’examen direct du frottis (méthode de Ziehl-Neelsen)
Histologie
  • Une biopsie profonde doit être réalisée, jusqu'à l’aponévrose
  • Aspect de nécrose hypodermique avec inflammation majeure
  • Mise en évidence de BAAR
Culture
Identification par PCR (Polymérase Chain Reaction)
Détection de la Mycolactone
  • Mise en évidence par fluorescence avec un test rapide → en cours de validation

Traitement

Objectifs

  • Stériliser les foyers infectieux
  • Combler les pertes de substance
  • Réparation et correction des complications fonctionnelles

Prise en charge médicale

  • Les grands principes thérapeutiques seront simplement rappelés ici → la prise en charge relève d'une équipe spécialisée

Antibiothérapie

  • Une bi-antibiothérapie est actuellement proposée : association rifampicine-streptomycine ou rifampicine-xlarythromycine pendant 8 semaines
  • Ce traitement permet de réduire la taille des lésions et donc de réduire l'importance de la prise en charge chirurgicale

Soins des plaies

  • Un lavage quotidien à l'eau et au savon reste indispensable

Chirurgie

  • Mise à plat et drainage des abcès
  • Des techniques de recouvrement peuvent être discutées : greffe / lambeau
  • Chirurgie reconstructrice et réparatrice pour limiter les rétractions cutanées et les séquelles invalidantes

Autres moyens

  • Vaccination anti-tétanique

Indications

  • Il est bien évident que la prise en charge et les protocoles seront différents, selon les moyens disponibles, dans les pays à risque ou en dans les pays occidentaux