Anesthésie loco régionale
Révision datée du 12 juin 2020 à 06:43 par Pascal Toussaint (discussion | contributions) (→Bloc saphène)
Généralités
Définition
- L’anesthésie loco-régionale (ALR) d’un membre se définit comme un blocage de la conduction de l’influx nerveux, de façon réversible et temporaire, suite à l’injection d’un anesthésique local (AL) au contact immédiat du tronc nerveux innervant ce membre.
- Cette anesthésie est obtenue grâce à un cathéter péri nerveux (KTPN), mis en place à proximité d’un tronc nerveux, afin de délivrer en continu un anesthésique local pour prolonger l’analgésie pendant plusieurs jours.
- Le cathéter est relié à un dispositif délivrant un débit continu de l’anesthésique local avec ou sans possibilité de bolus: pousse seringue électrique, dispositif de PCA (Patient Control Analgesia) ou dispositif élastomérique ( infuseur)
- L’objectif est d’obtenir un bloc différentiel → blocage au niveau des voie de conduction de la douleur avec conservation de la motricité et d’une sensibilité partielle.
Anesthésiques locaux (AL)
Produits utilisés
- Différents anesthésiques locaux sont utilisés → Lidocaïne, Bupivacaïne, Mépivacaïne
- Dans le domaine qui nous intéresse des douleur et des plaies d’origine artérielle, on utilise le plus souvent des cathéter péri nerveux de Ropivacaïne ( Naropéïne®)
Effets attendus des AL
- A proximité des nerfs, les AL provoquent un blocage sélectif et réversible de la transmission nerveuse.
- Après injection de l’AL, les effets sont les suivants
- - un bloc-moteur → la contraction musculaire n’est plus possible entrainant une paralysie transitoire
- - un bloc sensitif → la transmission des messages douloureux vers le cerveau devient impossible. Il existe une abolition de la sensibilité douloureuse et tactile (sens du toucher), responsable de l’anesthésie
- - un bloc sympathique → à l’origine d’une vasodilatation périphérique et d’une augmentation de la température cutanée
- - il peut exister une dissociation entre ces trois blocs permettant d’obtenir une anesthésie sans bloc moteur ( sans paralysie motrice).
Indications et avantages de l'ALR
Dans le domaine de la chirurgie et des douleurs post opératoires
- Améliorer la prise en charge de l’analgésie de certaines interventions très douloureuses en post opératoire
- Eviter une anesthésie générale
- Association à une anesthésie générale en diminuant les doses de morphine
- Reprendre une alimentation rapide en post opératoire
- Reprise rapide de la mobilisation et optimisation de la réhabilitation post opératoire
- Diminuer les nausées et vomissements post opératoires
Dans le domaine des troubles trophiques
- Améliorer la prise en charge de l’analgésie dans les plaies hyperalgiques ( artériopathie, angiodermite nécrosante, calciphylaxie…)
- Améliorer le confort des patients avec des douleurs artérielles sans possibilité de revascularisation
- Permettre la réalisation de soins interactifs douloureux ( détersion / TPN / TPN + instillation)
- Réduire les effets secondaires liés à l’utilisation des morphiniques
- Permettre une antalgie chez des patients intolérants aux morphiniques
- Favoriser le maintien à domicile et la mobilité des patients avec des plaies douloureuses
- Douleur du membre fantôme
Contre-indication de l'ALR
- Refus du patient
- Anomalies de la coagulation
- Allergie connue aux anesthesiques locaux
- Infection cutanée sur la zone de ponction
- Neuropathie existante
- Pontage vasculaire à proximité
Effets indésirables
Effets neurologiques et cardio vasculaires
- Ils apparaissent dans des circonstances spécifiques
- - injection intravasculaire accidentelle
- - surdosage
- - en cas de résorption trop rapide au niveau d’un tissu très vascularisé
- La gravité de ces effets dépends de la rapidité d’obtention d’une concentration plasmatique → c’est l’intérêt de toujours faire un test d’aspiration avant d’injecter le produit pour confirmer l’absence de reflux sanguin
Effets secondaires neurologiques | Effets secondaires cardio vasculaires |
---|---|
Paresthésie et engourdissements péribuccaux | Hypotension artérielle |
Fourmillement des extrémités | Bradycardie |
Céphalées, vertiges, malaise | Bloc auriculo ventriculaire |
Gout métallique dans la bouche | Troubles du rythme |
Troubles visuels, acouphènes | Arrêt cardio respiratoire |
Convulsions ( signe de gravité) | |
Coma, dépression respiratoire |
- Conduite à tenir en cas de surdosage
- - Arrêt immédiat de l’injection
- - Prévenir le médecin anesthésiste réanimateur
- - Traitement symptomatique des convulsions, des troubles du rythme et de l’arrêt cardio circulatoire
Autres effets
- Déplacement / retrait du cathéter
- Hématome au point de ponction
- Infection au point de ponction
Les cathéter péri nerveux de ropivacaïne (Naropéïne) et plaies douloureuses des membres inférieurs → modalités pratiques
Quel type de bloc proposer ?
- Dans le domaine des plaies douloureuses des membres inférieurs, on propose essentiellement 2 types de blocs
Bloc sciatique poplité
- Il permet d'envisager une anesthésie dans le territoire du nerf tibial et du nerf fibulaire commun
- L'abord se fait sur le bord externe du creux poplité
Bloc saphène
- Il provoque une anesthésie dans le territoire du nerf saphène qui est une branche terminale du nerf fémoral → face antéro médiale ( antéro interne) et postéo médiale ( postéro interne) de la jambe jusqu'à la malléole médiale (interne)
- Plusieurs abords sont possibles sur le trajet du nerf fémoral ( face interne de la cuisse ) → le plus souvent l'abord se fait à la sortie du canal des adducteurs à la jonction 1/3 moyen et 1/3 inférieur de cuisse. ( Pour en savoir plus → ▶️)
Mise en place du KTPN
- La pose d’un KTPN est réalisée dans des conditions spécifiques
- - hospitalisation ou ambulatoire
- - pose du KT en salle de réveil ou en unité de soin continu par un médecin anesthésiste réanimateur (MAR)
- - conditions d'asepsie rigoureuses : habillage de l’opérateur, environnement stérile et utilisation de champs troués
- Le nerf est repéré en échographie
- Anesthésie sous cutanée du point de ponction et du trajet de tunnellisation du cathéter
- Introduction de l’aiguille jusqu’à proximité du nerf sous repérage échographique
- Mise en place du cathéter
- Tunnelisation et fixation à la peau du cathéter afin d’assurer son maintien
- Mise en place d’un filtre
- Puis branchement de la tubulure à la pompe d’administration de l’anesthésique local.