Antiseptiques et Plaies chroniques
Sauter à la navigation
Sauter à la recherche
Généralités
Définition
- Les termes Antiseptiques et Désinfectants sont souvent utilisés l'un pour l'autre
- - les désinfectants sont des produits utilisés sur des matériaux inertes (sol, meubles, matériel médical, etc.) pour éradiquer les germes.
- - les antiseptiques sont des produits destinés à inhiber la croissance ou à tuer les micro-organismes et/ou à inactiver les virus au niveau de tissus vivants.
Mode d'action
- Les antiseptiques peuvent agir sur tous les micro-organismes : bactéries, virus, champignons avec des spectres d'activité larges ou étroits.
- On distingue les Antiseptiques
- - bactéricides, capables de provoquer la destruction des germes
- - bactériostatiques, assurant uniquement l’inhibition de la croissance des micro-organismes
Classifications
Antiseptiques bactéricides à spectre large
- Biguanides
- - la Chlorhexidine : bactéricide à large spectre, faiblement fongicide mais inactif sur les spores et les virus. Elle est commercialisée sous le nom de Biseptine®
- Dérivés Hallogénés, à base de chlore ou d'iode, sont bactéricides, virucides et fongicides.
- - les dérivés chlorés contiennent de l'hypochlorite de sodium : solution de Dakin dosé à 0.5 %, ou Amukine®, plus faiblement dosée à 0.06 %.
- - les dérivés iodés avec la teinture d'iode dosée à 5 %, l'alcool iodé à 1 %, et la polyvidone iodée (Bétadine®) qui existe sous différentes formes.
- Alcools : la forme la plus efficace est l’alcool éthylique à 70 %. Son caractère irritant le rend inutilisable sur des plaies.
Antiseptiques bactéricides à spectre étroit
- Ammoniums quaternaires : le chlorure de benzalkonium (Sterlane, Biocidan) et le cétrimide (Sterilène, Cetavlon) sont des tensioactifs cationiques. Leur usage est incompatible avec celui des savons.
- Dérivés anioniques comme le laurylsulfate ou le dodecylsulfate de sodium utilisés dans les solutions moussantes.
Antiseptiques bactériostatiques
- Carbanilides comme le triclocarban (Solubacter®, Cutisan®). Il ne doivent pas être utilisés en association avec les dérivés cationiques (ammoniums quaternaires, chlorhexidine, hexamidine).
- Diaminidines avec l'hexamidine qui est un agent cationique (Hexomédine®, Desomedine®, Cytéal®).
- Acides comme l'acide borique ou l'acide acétique peuvent être utilisés comme antiseptiques.
- Dérivés métalliques comme le sulfate de cuivre ou de zinc.
Les produits considérés à tort comme antiseptiques
- Peroxyde d'hydrogène ou Eau oxygénée : ce produit libère de l'oxygène rapidement mais n'a aucune action antiseptique intrinsèque. Il ne doit pas être associé à la solution de Dakin, à l'iode (Bétadine®) ni au permanganate de potassium.
- Permanganate de potassium.
- Colorants : éosine, fluorescéine, solution de Milian ou violet de gentiane.
Effets secondaires des antiseptiques
Systémiques
- Ils peuvent survenir pour des utilisations prolongées et étendues notamment chez le nourrisson.
- - Manifestations neurologiques et digestives pour l’hexachlorophène, les ammoniums quaternaires
- - Methémoglobinémie avec les carbanilides
- - Acidose métabolique et insuffisance rénale avec les dérivés iodés
- - Choc anaphylactique avec la chlorhexidine
Locaux
- Dermite d’irritation.
- Eczéma de contact. De nombreuses études ont montré le risque majeur de sensibilisation aux antiseptiques. [1] [2]
- Ralentissement de la cicatrisation pour les oxydants (Peroxyde d'hydrogène , permanganate de potassium).
- Photosensibilisation pour les colorants.
Antiseptiques et plaies chroniques
- L'utilisation d'antiseptique sur les plaies chroniques reste controversée.
Inconvénients
- Effets secondaires.
- Caractère non sélectif et cytotoxicité sur les cellules impliqués dans la cicatrisation (polynucléaires neutrophiles, macrophages, kératinocytes et fibroblastes).
- Résistance aux antiseptiques. Des résistances naturelles et acquises (par modification génétiques) sont décrites pour les antispatiques et il existe des résistances croisées avec des antibiotiques[3].
- Inefficacité sur le biofilm . Des biofilms existent sur 60 à 100 des plaies chroniques. Or, les biofilms ont la capacité d'être résistants aux antiseptiques.
Intérêt des antiseptiques
- Les nouveaux antiseptiques comme le PHMB (PolyHexaMéthylène Biguanide) et l'octénidine dihydrochloride [4] semblent intéressants en raison de l'absence cytotoxicité.
- - le PHMB existe actuellement sous plusieurs formes disponibles : une gamme de pansements au PHMB (non remboursés) et le Prontosan (solution de lavage et en gel) en association avec un surfactant (Bétaïne).
- La World Union of Wound Healing Societies propose, dans un document de consensus, l'utilisation des antiseptiques dans les conditions suivantes :
- - prévention de l'infection chez des patients à haut risque,
- - attristement de l'infection locale sans critère d'extension ni de gravité,
- - dans les formes plus sévères, les antiseptiques peuvent être utilisés en association avec les antibiotiques par voie systémique.
- La durée d'utilisation doit être de 2 semaines maximum avec nécessité de réévaluer la situation locale de la plaie.
- Certaines équipes proposent une rotation d’antiseptiques avec utilisation d'une nouvelle molécule ou un changement de classe à intervalles réguliers (2 à 4 semaines).
Références
- ↑ Barbaud A, Vigan M, Delrous JL, Assier H, Avenel-Audran M, Collet E, etal. Allergie de contact auxantiseptiques : 75 cas analysés par le réseau Revidal dedermato-allexgovigilance. Ann Dermatol Venereol 2005;132:962-5
- ↑ MachetL, Couhé C, Perrinaud A, Hoarau C, Lorette G, Vaillant L. Highprevalenceofsensitisationstillpersistsinlegulcerpatients:aretrospectiveseriesof106patientstes-tedbetween2001-2002andmetaanalysis1975-2003.BrJDermatol2004;150:929–35
- ↑ Sheldon AT Jr. Antiseptic resistance: what do we know and what does it mean? Clin Lab Sci. 2005;18(3):181-7
- ↑ Braun M, McGrath A, and Downie F. Octenilin® range Made Easy. Wounds UK 2013; 9(4).