Evaluer la douleur chez un patient porteur d'ulcère de jambe
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L'Évaluation de la douleur est un prérequis indispensable pour pouvoir la prendre en charge correctement → seule l'évaluation du patient adulte sera évoquée sur cette page
Objectifs de l'évaluation
Principal
- Évaluer correctement la douleur quantitativement et qualitativement
- - une douleur sous-évaluée est potentiellement une douleur sous-traitée (ou sur-traitée)
Secondaires
- Reconnaître le patient douloureux
- Dépister le type et l'étiologie de la douleur
- Instituer un traitement adapté à l’intensité de la douleur
- Permettre de réévaluer systématiquement et régulièrement la douleur avec un outil reproductible et adapté au patient
- Apprécier l’efficacité du traitement entrepris
- Mieux communiquer entre soignants sur le choix de l’échelle utilisée (ou du changement)
Évaluation globale de la douleur
1ère étape → répondre à la question essentielle : Le patient est-il douloureux ?
- Si oui → je le prends en charge
- Si non → je passe à autre chose !
2ème étape → quantifier l'intensité la douleur par des échelles d'évaluation
3ème étape → évaluation qualitative de la douleur
Les différentes échelles
Généralités
- Les échelles d’évaluation permettent de confirmer la présence de la douleur et d'en apprécier l'intensité
- Pour un patient : toujours utiliser la même échelle dans ses termes exacts
- Pour le soignant ou dans une structure → utiliser la même échelle (ou justifier son changement) d’une évaluation à l’autre
Auto-évaluation
- Évaluation par soi-même → on demande directement au patient d’évaluer sa douleur
- Cette méthode d'évaluation est à privilégier lorsqu’elle est possible
- Les échelles d’auto-évaluation les plus utilisées chez l’adulte sont :
- - l’échelle numérique (EN) → notation libre par le patient de 0 à 10
- - l’échelle Verbale Simple (EVS) → graduation basée sur 5 termes précis
- -l’échelle Visuelle Analogique (EVA) → réglette avec une face patient (curseur) et une face évaluateur (graduation)
Hétéro-évaluation
- Évaluation par l’observation du comportement du patient par le soignant → plus adaptée pour les patients dyscommunicants, inaptes à s’auto-évaluer
- Les échelles d’hétéro-évaluation les plus utilisées chez l’adulte sont :
- - douleur aiguë → ALGOPLUS (voir ici)
- - douleur chronique → DOLOPLUS (voir ici)
- - douleur induite par le soin → échelle comportementale de la douleur pour personne âgée (ECPA) (voir ici)
Évaluation qualitative
Objectifs
- Reconnaitre le type de douleur
- - par excès de nociception
- - neuropathique
- - psychogène
- Évaluer l'origine et la cause de la douleur
Comment faire ?
- Faire décrire la douleur avec des termes précis
- Préciser les horaires et le mode d'apparition de la douleur
- Préciser l'ancienneté de la douleur
Poser des questions et affiner l'interrogatoire
Douleur aiguë ou douleur chronique ?
- Douleur aiguë → elle survient brutalement et d'intensité souvent importante
- - elle peut être rapportée à un mouvement précis, à un appui, ou induite par un soin
- Douleur chronique → une douleur est dite chronique si elle devient récurrente, voire permanente, et dure plus de 3 mois avec une résistance aux traitements antalgiques
- - la douleur chronique ou pathologique a des origines multiples et provoque un véritable enfermement du patient → elle est obsédante et envahissante
- - elle nécessite une prise en charge spécifique
Douleur récente ou ancienne
- Douleur récente → il faut par un interrogatoire précis et parfois policier pour tenter d'identifier le facteur déclenchant
- - un soin → lavage, détersion, utilisation d'un nouveau pansement ou d'un topique
- - un traumatisme direct ou indirect
- Douleur ancienne → douleur chronique
- - une complication → ischémie, infection , apparition de nécrose, exposition d'un tendon à la surface de la plaie, altération de la peau péri-lésionnelle
S'agit-il d'un fond douloureux permanent avec ou sans accès paroxystiques ou bien uniquement d'accès paroxystiques ?
- Accès paroxystiques
- - faire préciser le mode d'apparition de ces accès → spontané ou déclenché par un soin, un traumatisme
- - on évoquera des douleurs neuropathiques
- Fond permanent douloureux → la situation est complexe et mérite souvent une évaluation spécialisée car la douleur peut être liée à de multiples causes
- - étiologie de la plaie
- - complications → infection locale
- - inflammation persistante → infection locale, calcifications
- - proximité des tendons → douleur aux mouvements
- - intolérance aux pansements
- - douleur chronique
La douleur est-elle majorée la nuit en décubitus ?
- La majoration nocturne de la douleur doit faire évoquer de principe une origine ischémique
- - faire préciser la notion de douleur en décubitus améliorée par la position debout ou la marche
- - rechercher des facteurs de risque vasculaire
- - palper les pouls distaux
- - envisager rapidement une exploration vasculaire avec un écho Doppler artériel
- La douleur nocturne peut être liée à un hyper appui sur les malléoles en décubitus latéral
La douleur apparait-elle à l'appui sur la zone lésionnelle ?
- Plaies sur des reliefs
- - ulcère malléole → appui douloureux en décubitus latéral, contre le fauteuil, sous les bandes de compression
- - ulcère de la crête tibiale et du cou-de-pied → appui sous les bandes de compression
- - ulcère face postérieure de jambe → appui dans le lit
- Plaie à proximité d'un tendon → douleur liée à l’inflammation du tendon lors de l'appui (plaie achilléenne, plaie de la crête tibiale)
La douleur est elle de type neuropathique ?
- Y penser devant
- - des douleurs atypiques,
- - des accès paroxystiques,
- - des douleurs à distance de la plaie,
- - des phénomènes d'allodynie ou d'hyperalgésie
- Le dépistage de douleur neuropathique est indispensable → faire un score DN4
La douleur est-elle induite par le soin ?
- Faire préciser la phase de soin douloureuse
- Faire un score DN4
- Rechercher un soin inapproprié
- - lavage excessif
- - utilisation d'antiseptique
- - détersion excessive ou inutile
- - absence d'anesthésie locale
- - pansement inadapté