Douleur neuropathique
Sauter à la navigation
Sauter à la recherche
La Douleur Neuropathique (DN) est une des composantes de la douleur, complication fréquente des ulcères de jambes
La Douleur neuropathique et ulcères de jambes
- La douleur neuropathique est une des trois composantes de la douleur avec la composante psychogène et la composante organique, ou nociceptive, résultant d'une lésion tissulaire
- elle résulte d'une lésion du système somato-sensoriel périphérique ou central
- La présence d'une douleur d’origine neuropathique est probablement sous estimée chez les patients porteurs d'ulcères de jambes : peu d'études l'ont évaluée dans ce contexte
- Dans une étude française récente, 58 % des patients porteurs d'ulcères de jambes douloureux présentaient des douleurs neuropathiques [1]
- Il est important de savoir les repérer, les diagnostiquer et les prendre en charge
Comment reconnaitre une douleur neuropathique ?
Douleurs permanentes ou paroxystiques
Localisation
- Sur et autour de la plaie
- A distance de la plaie
Symptomatologie spécifique
- Sensation de brûlures, de picotements, de fourmillements
- Décharges électriques, de coup de poignard ou de déchirure
- Allodynie : douleur déclenchée par un stimulus normalement indolore. Le cas typique est celui d'un patient chez qui l'effleurement de la peau péri-lésionnelle pour le lavage de la plaie déclenche une douleur importante
- Hyperesthésie : douleur ressentie comme très importante par rapport à la douleur attendue. C'est le cas du passage, que l'on pense doux et prudent, de la curette sur un ulcère et qui provoque pourtant une douleur fulgurante
- Hypoesthésie ou anesthésie
Comment prendre en charge un ulcère de jambe avec des douleurs neuropathiques ?
Confirmer le diagnostic par le score DN4
- Le score DN4 est une une échelle diagnostique d'utilisation simple en 10 questions
- - les items 1 à 7 sont issus de l'interrogatoire
- - les items 8 à 10 sont issus de l'examen clinique
- Pour chaque réponse positive, on attribue "1 point"
- Si la somme des réponses est supérieure ou égale à 4 (DN4), le diagnostic de douleurs neuropathiques peut être porté avec une sensibilité de 83 % et une spécificité de 90 %. Ce score permet de diagnostiquer [2]
Prendre un avis médical rapidement
Médecin traitant
- Pour discuter l'indication d'un traitement pharmacologique en fonction des intolérances, des risques d'effets secondaires
Un Centre de Cicatrisation
- Pour discuter un traitement non médicamenteux
Traitement pharmacologique
- le Paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens n'ont pas d'effet bénéfique sur les douleurs neuropathiques
Molécules efficaces
- Les anti dépresseurs
- - anti dépresseurs tricycliques : amitriptyline (Laroxyl), imipramine (Tofranil), clomipramine (Anafranil)
- - inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline : duloxetine (Cymbalta)
- Les antiépileptiques
- - gabapentine (Neurontin)
- - prégabaline (Lyrica)
- Les analogues de la morphine
- - tramadol : efficace sur les douleurs continues ou paroxystiques et sur l'allodynie au frottement
- Les anesthésiques locaux
- - lidocaïne en application locale (Versatis 5 %)
Comment les utiliser ?
- Prise en charge par paliers pour limiter les effets indésirables
- Une titration est indispensable pour prévenir les effets secondaires et trouver une posologie minimale efficace
- Les traitements de 1ère intention sont les antidépresseurs et les antiépileptiques
- Une première évaluation est nécessaire dans le 1er mois de traitement
- En cas d'efficacité, le traitement peut être poursuivi jusqu'à 6 mois
- En cas d’échec, on peut :
- - substituer par une autre classe thérapeutique avec un arrêt progressif du premier traitement
- - associer 2 traitements de 1ère intention en tenant compte des effets secondaires des 2 traitements
Traitement non pharmacologique
- Seuls 30 à 50 % des patients, traités par des moyens pharmacologiques pour des douleurs neuropathiques, obtiendront un soulagement de plus de 50 % de leurs douleurs [3]
Approche psycho-comportementale
- Des facteurs psychologiques peuvent interférer avec les possibilités du patient à appréhender la douleur chronique
- Différentes techniques peuvent donc être proposées en association ou en remplacement des moyens pharmacologiques : hypnose, relaxation, méditation, sophrologie
Autres traitements
- Aucun traitement non pharmacologique n'a été validé dans le cadre des ulcères de jambe douloureux avec douleurs neuropathiques
- Néanmoins un effet antalgique (sans spécification pour les DN) a été noté pour les traitements suivants :
- - greffe autologue de peau [4]
- - électrostimulation [5]
- - utilisation locale (hors AMM) de ropivacaïne (Naropéïne)
- - anesthésie locorégionale par bloc moteur et sensitif de ropivacaïne(Naropéïne)
Références
- ↑ Eusen M, Brenaut E, Schoenlaub P, Saliou P, Misery L. Neuropathic pain in patients with leg ulcers. Journal of European Academy of Dermatology and Venereology 2016-,30,1603-1605
- ↑ Bouhassira D, Attal N, Alchaar H, Boureau F, Brochet B, Bruxelle J, et al. Comparison of pain syndromes associated with nervous or somatic lesions and development of a new neuropathic pain diagnostic questionnaire (DN4) DN4). Pain 2005;1 14:29 36
- ↑ Dworkin RH et al.Recommandations for the pharmacological management of neuropathic pain:on overview and literature update.Mayo Clin Proc 2010;85:S3-14
- ↑ Fourgeaud C et al. Interest of punch skin grafting for the treatment of painful ulcers.J Mal Vasc 2016;41(5):323-8.
- ↑ LeloupP,ToussaintP,LembelembeJP,CélérierP,MaillardH.Theanalgesiceffectofelectrostimulation(WoundEL®)inthetreatmentoflegulcers.IntWoundJ2015;12:706—9.