Ostéite
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L' Ostéite est une infection bactérienne du tissu osseux [1] [2] [3]
Généralités
- L'ostéite est une infection osseuse secondaire à une contamination par un ou plusieurs micro-organismes. Une ostéite chronique est définie par une infection osseuse asymptomatique évoluant depuis plus de 6 semaines
Porte d'entrée
Par voie hématogène
- On parle plutôt d'ostéomyélite. Cette pathologie est rare et touche surtout les enfants. Elle atteint surtout la métaphyse des os longs des membres inférieurs
Par inoculation directe
- Via une effraction cutanée profonde, les germes pénètrent jusqu’à l'os
- L'effraction peut être d'origine traumatique ou médico-chirurgicale (ponction articulaire / pose de matériel / chirurgie orthopédique)
- Le foyer infectieux peut se drainer par une fistule ouverte à la peau
Par contiguïté
- A partir d'un foyer septique de proximité : c'est le cas de l'ostéite compliquant les plaies chroniques (ulcères de jambe / escarres / plaies du pied diabétique)
Physiopathologie
- L'infection osseuse est responsable d'inflammation avec recrutement et prolifération de polynucléaires et de macrophages
- Ces cellules inflammatoires sécrètent des cytokines inflammatoires qui provoquent :
- - une destruction osseuse par stimulation des ostéoclastes
- - des phénomènes de reconstruction par stimulation des ostéoblastes
- En l'absence de prise en charge, l'infection progresse avec destruction de la corticale osseuse, occlusion des vaisseaux à l'origine de nécrose osseuse et de séquestre osseux
- Si l'infection devient chronique, l'os se creuse de microcavités colonisées par des bactéries
- L'extension peut se faire :
- - vers les structures articulaires par contiguïté
- - vers les parties molles et la surface de la peau via un trajet fistuleux assurant le drainage de la collection
Bactériologie
- Les ostéites sont des infection mono et plus souvent multi-bactériennes
- Un biofilm peut coloniser la surface osseuse
- Ces bactéries et les biofilms possèdent des mécanismes de résistance, de persistance et de récalcitrance qui expliquent une partie des difficultés de prise en charge des ostéites chroniques
- - résistance aux antiseptiques locaux et aux antibiotiques
- - résistance au système immunitaire de l'hôte
- - échange de capacité de virulence
Diagnostic d'une ostéite
- Seule la mise en évidence de germes sur un prélèvement osseux permet d'affirmer l'ostéite. Néanmoins, un faisceau d’arguments cliniques, biologiques et d'imagerie peut orienter le diagnostic
Clinique
Interrogatoire à la recherche
- D'antécédents médicaux et de co-morbidités rendant la prise en charge plus complexe (artériopathie / diabète / insuffisance rénale)
- D'antécédents d'ostéomyélite, de fracture, de chirurgie avec ou sans pose de matériel
- De signes de gravité : fièvre / douleur
Examen à la recherche
- De signes inflammatoires locaux : érythème, chaleur, œdème
- De plaie chronique et/ou d'un trajet fistuleux
- D'un contact osseux ou de présence de matériel en surface
- - un contact osseux positif ne permet, toutefois pas, d'affirmer l'ostéite avec certitude
- - il est nécessaire de corréler cet élément au contexte clinique et notamment à la présence de signes cliniques d'infection
Biologie
- Absence d'argument de certitude
- Présence fréquente d'une hyper leucocytose et d'un syndrome inflammatoire biologique avec élévation de la CRP
- - ces marqueurs sont peu spécifiques et leur élévation ne suffit pas pour affirmer l'ostéite
- - des valeurs normales de ces marqueurs n'éliminent pas le diagnostic
- L'intérêt de ces dosages est plus important pour le suivi du traitement antibiotique
- Les hémocultures sont inutiles dans les ostéites chroniques. Elles ne doivent être réalisées qu'en cas de fièvre associée
Imagerie
Radio standard
- Examen simple, peu coûteux, reproductible et qui doit être réalisé systématiquement
- La radio standard peut toutefois être normale dans les phases précoces de l'infection et il faudra savoir la répéter
- En phase chronique elle peut mettre en évidence :
- - des micro géodes avec un aspect mité de l'os
- - une réaction périostée avec un aspect lamellaire de l'os et déformation de ses contours
- - une hyperostose corticale
- - un épaississement fusiforme de la corticale en cas d'abcès
- - des séquestres osseux qui témoignent de la nécrose du tissu osseux
Scanner
- Il permet de bien visualiser l'atteinte du tissu osseux et d'en apprécier l'extension
- - les séquestres osseux : fragment d'os dense dans des zones d'ostéolyse ou dans les parties molles
- - les trajets fistuleux
- Le scanner est gêné en présence de matériel d'ostéosynthèse
IRM
- Cet examen est plus performant pour l'analyse des tissus mous et de la moelle osseuse
- Sa négativité élimine le diagnostic d'ostéite
- l'IRM est moins performante pour le diagnostic de séquestres osseux
Scintigraphies osseuses
- Ces examens sont très sensibles mais manquent de spécificité
- Scintigraphie au Technétium
- - Une hyper fixation du traceur signe une inflammation du tissu osseux alors qu'une hypo fixation peut témoigner d'un abcès
- - Sa sensibilité est proche de 90 à 100 %, mais la spécificité n'est que de 35 %
- - Sa valeur prédictive négative est excellente : une scintigraphie négative élimine une ostéite
- - Sa valeur prédictive positive est faible : la positivité de la scintigraphie au Technétium ne permet pas d'affirmer la nature infectieuse
- Scintigraphie au gallium
- - La fixation du gallium n'est pas spécifique de l'infection, le marqueur se fixe sur les foyers inflammatoires et tumoraux
- Scintigraphie au polynucléaires marqués
- - Technique de médecine nucléaire la plus spécifique pour les infections ostéo-articulaires
- - Les leucocytes du patients sont marqués et se fixent sur les foyers infectieux → la spécificité est plus importante
Microbiologie
Identification des germes
- L'identification du ou des germes responsables est impérative pour une prise en charge optimale
- Aucune place pour les prélèvements superficiels
- - Ces prélèvements seront contaminés pas la flore cutanée
- Prélèvement osseux profonds indispensables, à réaliser à distance (au moins 2 semaines) d'une antibiothérapie
- - Soit un prélèvement per-opératoire en cas de traitement chirurgical du foyer d'ostéite
- - Soit une biopsie osseuse réalisée si un traitement chirurgical n'est pas envisageable. Ce prélèvement peut se faire "au lit du malade" ou guidé sous scanner
Prise en charge médico-chirurgicale d'une ostéite chronique
Évaluation multidisciplinaire indispensable
- Un avis auprès de Centres de Référence inter régionaux pour la prise en charge des Infections Ostéo-Articulaires (CRIOAc) est souhaitable[4]
- Ces centres regroupent des spécialistes concernés : Infectiologue / Chirurgie orthopédique / Chirurgie reconstructrice / Rééducateurs fonctionnels / Unité de cicatrisation
Réduction de l'inoculum bactérien
- Il est indispensable de réduire au plus vite la quantité de tissu osseux infecté → une indication chirurgicale doit donc être systématiquement envisagée
- Un débridement large des tissus osseux et des tissus mous contigus doit être réalisé
- Un prélèvement bactériologique per-opératoire doit être fait . En cas d'amputation, un prélèvement sera fait sur la tranche de section.
Antibiothérapie ciblée
- Le choix des molécules, de la posologie, des voies d'administration, de la durée du traitement et de sa surveillance clinico-biologique sont des éléments capitaux
- Un avis auprès d'un centre de référence est indispensable
Mesures associées
- Prise en charge des co-morbidités
- Équilibre d'un diabète
- Lutte contre une dénutrition
- Décharge et Immobilisation de la zone lésionnelle
- Vérifier la vaccination anti-tétanique
Prise en charge des pertes de substance
- Cicatrisation dirigée : pansement adapté / TPN (Thérapie à Pression Négative)
- Chirurgie reconstructrice
Références
- ↑ Ea HK et al. Ostéite chronique de l'adulte. Diagnostic et prise en charge. Antibiotiques. 2007;9(2):120-9
- ↑ Toumi A et al. Diagnosis of chronic osteitis. Journal des anti-infectieux 2011,13:145-153.
- ↑ Masson R, Reynaud C, Brunel AS, et al. Plaies chroniques compliquées d’infection ostéo-articulaire. Stratégies diagnostiques et thérapeutiques. Journal des plaies et cicatrisations. 2015;98:14-20.
- ↑ https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgos_tableau_centres_ioa_010819.pdf